Ressentir l’existence
Qu’avons-nous fait ? Nous avons tenté de donner une explication à tout. Nous voulons des explications. Nous voulons expliquer ce qu’est Dieu. Il y a quelques jours, je donnais une interview. Et le gars disait : « Il y a tellement d’explications. » Et j’ai dit : « Oui, c’est vrai. » Et qui est considéré comme étant doué ? Celui qui trouve la meilleure explication. Les gens veulent expliquer Dieu. Les gens veulent expliquer la vie. Les gens veulent expliquer ce qui est bon. Les gens veulent expliquer ce qu’est la vérité. Les gens veulent expliquer ce qu’est le salut. Ces choses là peuvent être ressenties mais pas expliquées. On ne peut pas expliquer ce qu’est la vie. On a besoin de la ressentir. On ne peut pas expliquer le souffle. On a besoin de respirer. On ne peut pas expliquer l’eau ; si on a soif, on a besoin de la boire. On ne peut pas expliquer la nourriture ; quand on a faim, on a besoin de la manger.
Certaines choses peuvent peut-être s’expliquer dans la vie. Comment vole un avion ? On peut l’expliquer. Comment un immeuble tient-il debout ? On peut l’expliquer. Comment s’allume une ampoule ? On peut l’expliquer. Mais ce que cette existence signifie pour vous ? Cela ne peut pas être expliqué, cela peut seulement être ressenti. Si vous le comprenez, une toute nouvelle porte s’ouvre à vous.
La grande illusion
Revoici le printemps. Encore une fois le cycle se perpétue sur la Terre. Ce que nous oublions parfois – en fait ce n’est pas parfois, mais la plupart de temps – c’est ce qui est variable et ce qui est permanent. Il y a une belle citation : L’illusion, maya, ne meurt jamais. La tête qui court après l’illusion, elle ne meurt pas. Ce qui meurt, c’est vous. Les espoirs, ils ne meurrent pas. Les vœux, les désirs, les convoitises, ils ne meurrent pas. Ce qui meurt, c’est vous. La première fois que j’ai entendu ça, ma réaction fut : « Quoi ?! » Mais ensuite bien sûr, cela a pris un sens. Nous sommes ici. Nous sommes sur ce bateau, il descend la rivière et nous avons réussi à nous convaincre, comment, je ne sais pas, mais nous nous sommes convaincus que le bateau ne bouge pas. Et chaque fois que nous levons les yeux, nous voyons le paysage changer et nous pensons : « C’est très étonnant, le terrain bouge. Regardez tous ces arbres, ils se déplacent, voyez les maisons, elles se déplacent. » Parce qu’assurément, assurément, le bateau qui me transporte ne bouge pas. Nous sommes ici, sur cette terre et nous essayons de capturer la grande illusion. La Maya. Et ça continuera ; elle sera là pour en piéger d’autres bien après que vous serez parti. Toutes les choses que nous essayons de conquérir, toutes les choses que nous essayons d’arrêter. Certains essaient de : contrôler le mental. Alors que c’est la tête qui dit : « Domine-moi. Essaie. » Et les gens s’empressent d’essayer de la conquérir. Tout ce que vous tentez désespérément de surmonter sera là. La seule chose qui ne sera pas là, ce sera vous. C’est vous l’élément variable. Ce ne sont pas les arbres qui se déplacent ; ce ne sont pas les maisons qui se déplacent. Vous vous déplacez. Voila la vérité.
Prem Rawat
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